La légende raconte que Bodai Daruma (Bodhidharma), un moine bouddhiste indien, après un long voyage, demanda asile aux moines du monastère de Shaolin en Chine, vers l'an 520 apr. J.-C. Voyant ses disciples s'épuiser lors des longues méditations, il conclut que
la recherche de l'illumination par le zen ne devait pas se faire au détriment du corps, mais plutôt par l'union du corps et de l'esprit.
Il enseigna donc à ses disciples une série d'exercices physiques destinés à renforcer le corps. Cette méthode d'entraînement basée sur la respiration et sur des techniques de combats à poings nus ou avec un bâton, se propagera plus tard en Chine sous le nom de kenpō, littéralement la « méthode des poings ». Les historiens[Lesquels ?] ont montré que ce mythe a été inventé au 17e siècle.
Okinawa, qui signifie « corde sur l'océan », est l'île principale de l'archipel des îles Ryūkyū, au sud du Japon. Point de rencontre
traditionnel des cultures chinoise et japonaise, l'île d'Okinawa devint l'endroit où naquit la forme définitive du combat à mains nues.
Durant la domination japonaise sur Okinawa, l'emploi des armes fut prohibé une deuxième fois, ce qui obligea les habitants à mettre
au point des méthodes de combat particulièrement efficaces, en se servant uniquement de leurs poings, de leurs pieds et aussi
d'instruments aratoires.
Voila pourquoi les applications de certaines techniques de karaté sont aujourd'hui difficiles à expliquer : elles servaient à l'origine a
lutter contre des sabres, des lances, des naginata…
Un mélange de tō-de, des formes locales de combat ou encore importées d'autres endroits, finit par donner naissance à la méthode
appelée Okinawa-te, qui se développera suivant trois styles de base : Shuri-te, Naha-te et Tomari-te. De là ressortiront les écoles
suivantes : celles de Miyagi Chojun, fondateur du Gōjū-ryū ; de Mabuni Kenwa, père du Shitō-ryū ; de Otsuka Hironori, fondateur du
Wadō-ryū ; de Nagamine Soshin, un des pères du style Shōrin-ryū et de Funakoshi Gichin, qui créa la Shōtōkan-ryū. En 1902, le
gouvernement d'Okinawa introduit l'Okinawa-te dans les écoles secondaires. Itosu Yasutstune devient le premier instructeur. Par la
suite, plusieurs maîtres iront enseigner leur art martial hors de l'île. Funakoshi fut un de ceux-là.
La « main sacrée du Shuri-te », Itosu est né à Shuri en 1830. Fils de fonctionnaire, disciple de Matsumura Sokon dès l'âge de 16 ans,
il est devenu un des artistes martiaux les plus respectés à Okinawa pendant le XIXe siècle. Il a été le secrétaire particulier du roi de
l'archipel des îles Ryūkyū. C'est en grande partie grâce à lui que nous est parvenue la tradition du Shuri-te, l'école de Sokon
Matsumura. Une de ses grandes contributions était la croyance ferme de l'importance du développement de la personnalité de la
personne à travers l'étude des katas et du bunkai, l'application technique des katas.
En 1901, lorsque le gouvernement d'Okinawa introduisit le karaté dans les écoles, Maître Itosu devint la première personne à
enseigner le tō-de à l'école primaire Shuri-jinjo. À cette époque, la conception de l'éducation physique était militariste, les médecins
militaires se rendaient compte lors des examens que les pratiquants de cet art martial étaient plus robustes. Gichin Funakoshi
commencera à cette époque à étudier le tō-de avec sensei Itosu. Ce dernier enseignait un tō-de de style Shôrin, caractérisé par une
grande mobilité et des techniques longues.
Surnommé le « guerrier » (bushi), Matsumura est né en 1797 dans la ville de Shuri sur l'île d'Okinawa. Expert de l’Okinawa-te de
style Shorin, il a eu comme professeurs d'arts martiaux Sakugawa, Kushanku, Iwah et un des maîtres de l'école de kendo, Jigen du
clan de Shimazu, de Satsuma, Yashuhiro Iujin. Il a travaillé comme officier et garde du corps pour les trois derniers rois des Ryūkyū.
[réf. nécessaire]
Il a habité en Chine autour de l'année 1830. À son retour à Okinawa, il fonde son école et commence à enseigner son style, le Shorinryū gosoku-an karate (« karaté Shaolin pour la défense de la patrie »), une forme chinoise modifiée. Parmi ses étudiants les plus
connus, nous pouvons nommer Kyan, Yabu, Itosu et Azato[réf. nécessaire]
. De temps en temps, il enseignait aussi à Funakoshi.
Cependant, sa plus grande influence s'est faite par le biais des deux maîtres Azato et Itosu. Selon Matsumura, si on veut comprendre
l'essence des arts martiaux, on doit étudier intensément. On reconnait ici le précepte 20 du niju kun.
Peu connu, un des meilleurs disciples de Matsumura, Azato est reconnu grâce au fait d'avoir enseigné à Funakoshi. Pourtant, il était
considéré comme le plus grand expert de karaté de son époque lorsqu'il a commencé à enseigner à Funakoshi. Ce dernier commence
la pratique de l'Okinawa-te vers l'âge de 15 ans avec Azato, qui est le père de son maître d'école. À l'époque, l'art martial d'Okinawa
n'était pas enseigné au grand public. Les cours avaient lieu la nuit clandestinement, loin des regards indiscrets. Son apprentissage se
déroula d'une façon traditionnelle pour l'époque.
Il s'agissait alors de pratiquer un seul exercice et de passer au suivant uniquement lorsque le Maître estimait que le karatéka était
capable de la réaliser parfaitement. L'apprentissage d'un kata pouvait ainsi durer plusieurs années. Un kata en trois ans était une
expression coutumière dans les anciens budo. Adepte de l'art du sabre de l'école Jigen, c'est de lui que nous vient un des préceptes du
niju kun : « Considérez les bras et jambes des gens comme des épées. »
Shomen Gichin Funakoshi est considéré comme le père du karaté moderne. Il est
l'importateur du karate-dō au Japon et créateur du style Shōtōkan, il a fait évoluer la
forme initiale du karaté d'Okinawa.
À l’origine, Funakoshi pratiquait les deux écoles qui dominaient (Shorei-ryū et
Shorin-ryū). Après une dure pratique de ces deux formes de karaté, Funakoshi
parvint à développer une nouvelle forme de karaté, un modèle plus simple,
combinant les idéaux de Shorei-ryū et de Shorin-ryū. Le karaté qu’il enseigna à ses
étudiants reflétait les changements opérés par Anko Itosu, y compris la série de katas
de heian/pinan. Funakoshi changea également les noms des katas de son programme
d’étude, dans un effort de rendre les noms « étrangers » d’Okinawa plus agréables
aux oreilles des Japonais.
Le maître Gichin Funakoshi, en tant que président de la Okinawa Shobukai, une
association de karaté, fut convié en mai 1922 par le ministère de l'Éducation à
prendre part à une démonstration, agréée par le gouvernement nippon, organisée à
Tokyo. Cette démonstration mettait en scène les arts martiaux traditionnels du pays,
parmi lesquels le karaté. C'est ainsi qu'il fut le premier héraut du karaté-jutsu,
discipline originale en provenance d'Okinawa (de l'archipel des Ryūkyū). Il devait
alors, pour satisfaire les requêtes de nombreux individus, s'installer dans la capitale
et y travailler à vulgariser son art martial. Le karaté Shōtōkan fut officiellement reconnu en 1939. Avant de s'éteindre en 1957, Gichin
Funakoshi forma de nombreux élèves : Obata, Okuyama, Egami, Harada, Hironishi, Takagi, Ohshima, Nakayama, Nishiyama,
Kanazawa Hirokazu, Taiji Kase.
À la suite de Gichin Funakoshi, certains de ses élèves développèrent, à leur tour, également, leurs propres styles de karaté. Il existe
donc des sous-variantes du style Shōtōkan. En voici quelques-unes :
Maître Ohshima a développé le Shōtōkan Ohshima, orienté sur le style Gishin Funakoshi.
Maitre Taiji Kase (1929-2004) a développé le Shōtōkan ryū Kase ha, orienté sur le style Yoshitaka Funakoshi (le
fils de Gichin Funakoshi) et sur sa morphologie bréviligne.
Maître Masatoshi Nakayama : créateur de la Japan Karate Association (JKA).
Maître Nishiyama a développé le Shōtōkan ryū Nishiyama, avec une orientation militaire.
Maître Kanazawa a développé le Shōtōkan ryū Kanazawa, avec une orientation vers le tai-chi-chuan.
